vendredi 15 février 2019

Peintures


Le Baiser

L'offrande à Priape

L'Orgasme

Le Songe d'une nuit d'été

Pan et jeune homme




samedi 27 octobre 2018

Adolescence prolongée



Un mysticisme des plus niais
Fleurissait-il dans mon esprit ?
Je méprisais les gens qui niaient
Mes visions comme des malappris

Un bon poète use des mots
Comme de sons dépourvus de sens
Vous dira-t-on un jour les maux
Que suscitait en moi l’absence

De raisons de battre des ailes
Au-dessus du Royaume des singes
De m’élancer tel une gazelle
Comme une putain hors de son linge ?

Je secouais mon imaginaire
Comme un paysan ses pruniers
Des sottises extraordinaires
Emplissaient bien vite mon panier

Je voulais rêvasser la Femme
Bien davantage que la connaître
J’étais dévoré d’une flamme
Qui consumait en vain mon être

Mais l’adolescente ingénue
Ou l’obscène dessin, à la craie
D’une sorcière à moitié nue
Ne me livraient aucun secret.

Je voyais avec désarroi
S’assouvir les passions des Rois
Comme les fantaisies putassières
Des créatures les plus grossières

Car jamais la Raison austère
Ne pourra dompter la Guenon
Ni les orgies du Parc au Cerfs
Ou les folies du Trianon

La folie ne succombe pas
Sous prétexte de guillotine
Il faudrait bien plus qu’un trépas
Pour que tout cela se termine

Car la Folie privée de tête
Renaît comme la queue du lézard
Toujours, ici bas, elle s’entête
Inspirée par l’Ange du bizarre

Alors, cuvant mes frustrations
Ébahi par tant de puissance
Dans un état de prostration
Je regrettais bien ma naissance.

lundi 22 octobre 2018

Les Songes de la vieille fille



Et rêvant solitaire dans un soleil d’hiver
Aux désirs non réalisés
Elle dirige ses pensées ou ses fantasmes vers
Un amant idéalisé

Elle préfère à l’homme qui menace, trop réel
De perturber ses vieilles manies
Et ses songes et ses doutes et sa vie de pucelle
Le Fantôme de Mastroianni !

Aimant et maudissant les geôliers invisibles
Qui l’enivrent de leur poison
Elle se heurte, en pleurant, aux vieux murs indicibles
De son immatérielle prison

Alors enfermée dans ses puérils souvenirs
Elle s’en évade à sa façon
Oubliant le Passé le Présent l’Avenir
Elle écoute la jolie chanson

Que chantent dans son crâne envahi de chimères
De beaux garçons si fabuleux
Qu’ils lui font oublier l’Aujourd’hui trop amer
Et le Demain trop nébuleux

Ici pas de nigauds qui cherchent à biaiser
Qui charrient en souriant des monceaux de paroles
Et ne pensent qu’à la déniaiser
Mais des princes et des rois dansant la farandole

Des  lutins, des jongleurs et des joueurs de viole !
Parfois elle rêve même qu’on la viole 
Dans les songes le meilleur et le pire s’envisage
Car ici l’homme est sans visage


mercredi 29 août 2018

L'Aquarium - nouvelle complète






Norbert-Edouard X vivait des maigres revenus que lui assurait la vente des pastels de son amie, la blonde et naïve Nathalie, une Alsacienne qui troussait de fausses peintures orientalistes du XIXe siècle. Ses affaires miteuses avec des brocanteurs qui refourguaient la marchandise à des gogos permettaient à Norbert-Edouard de survivre. Ancien expert-comptable, il avait tout plaqué suite à une dépression nerveuse, à moins qu’il ne se fût fait virer, je ne me souviens plus très bien, je crois que je ne l’ai jamais su, d’ailleurs.
Mes parents avaient fait sa connaissance à l’occasion d’un vernissage dans une galerie de l’est parisien, et ils l’avaient trouvé charmant. De prime abord, on le trouvait toujours charmant ; il était mordant, cynique, plein d’esprit aux yeux de bourgeois un peu impressionnables ; après quelque temps on se mettait à le détester – parce qu’il était mordant, cynique et plein d’esprit, justement ! Ce qui plaisait en lui déplaisait l’instant d’après, comme un mauvais vin qui donne la migraine. Je le vis pour la première fois chez mes parents, et je m’enivrai de vin, justement, pour la première fois de ma vie, pendant le repas ; la compagne de Norbert ne toucha même pas au verre de blanc que lui avait servi mon père. J’avais été abasourdi par l’apparence physique de Norbert ; il ne mesurait pas un mètre soixante, et sa femme était aussi grande que moi - grande et blonde, avec un long nez d’oiseau et une grande bouche qui ne lui seyaient pas mal.
Norbert et Nathalie habitaient Trémoulliard, sur la route de Bazeuges, une commune de cent trente habitants, à quatre-vingt-neuf kilomètres de Paris, accessible par la nationale D. Il s’était débrouillé pour acheter une maison à moitié détruite, juste au bord de la nationale, perpétuellement sillonnée par des camions poids lourds qui prenaient cette route pour éviter les péages. Norbert avait régulièrement l’occasion de ramasser les lapins morts sur le bord de la route, et il n’hésitait pas à les cuisiner.
Avec son nez crochu, ses cheveux mal peignés, sa petit taille et ses réparties cinglantes, il allait et venait en bermuda troué dans le jardinet entourant sa propriété aux murs lépreux et aux fenêtres couvertes de poussière.  Il vivait le plus souvent isolé, avec sa compagne et sa vieille mère, qui était venue habiter avec eux. La retraite de la vieille complétait les revenus étiques du ménage. Norbert vivait aux crochets des deux femmes, ce qui n’est pas un mal en soi : je ne songerais jamais à le lui reprocher, chacun fait ce qu’il peut pour satisfaire cette catin qu’on appelle Société. Mais Norbert était un emmerdeur. Il achetait régulièrement de vieilles voitures inutilisables, appelées « tas de boue » par les spécialistes ; huit ou neuf de ces spécimens bons pour la casse, minibus grisâtres ou vieilles Peugeot moribondes, étaient garées en permanence dans son jardin, ce qui laissait entendre aux rares quidams qui passaient dans la rue, ainsi qu’aux nombreux camionneurs que la maison était habitée par de nombreuses personnes. Une seule de ces bagnoles était capable de rouler. Elle exhalait du reste quand elle le faisait d’épais nuages noirs.
Norbert semblait s’être résigné à vivre comme un clodo, comptant sur les autres pour récupérer des cigarettes… Je ne le lui reprocherai pas non plus : tant de personnes complètement creuses font carrière, et mènent une existence bourgeoise, tant de personnes qu’on oubliera tout à fait après leur mort ! Mais Norbert avait un énorme défaut, que je ne lui pardonnerai jamais : il ne se lavait jamais les cheveux et il avait des puces !
Mes parents et moi fûmes invités à passer la journée chez lui, quand j’avais dix-neuf ans. Ce fut la dernière fois que nous le vîmes. Nous arrivâmes en voiture à Trémoulliard sous un soleil de plomb. Le village était situé dans une cuvette, et nous cuisions sur place. Norbert nous accueillit en gesticulant, puis il entreprit de nous gaver de poulet et de paella, et de saouler mon père, tout en essayant d’éloigner son chien, une énorme créature noire qui ne cessa de me renifler les parties intimes pendant que j’étais à table. La mère passait les plats ; Nathalie riait comme une idiote. Assise en face de moi, la jeune femme se mit à me parler jeux vidéo avec une extrême volubilité. Norbert avait l’âge de mon père : cinquante ans, mais Nathalie avait quasiment mon âge. Elle devait avoir vingt-six ans à l’époque. S’ennuyant à mourir les trois quarts du temps, quand elle ne s’occupait pas à peindre ses Touaregs et ses chameaux, elle s’abrutissait avec sa console de jeux. Enivrez-vous de vin, de poésie ou de vertu ! Comme nous avions le même âge, elle s’attendait à ce que je fusse, moi aussi, un gamer ; je n’en étais pas un, je n’ai jamais joué aux jeux vidéo. Quand j’étais adolescent, c’est la lecture qui m’aidait à tuer le temps. Cela n’empêcha pas Nathalie de continuer à me parler de jeux vidéo. La maison de Norbert était une de ces vieilles bicoques qui sentent l’humidité, avec de gros meubles noirs en chêne – probablement la propriété de la mère – armoire normande, murs en pierre, peintures poussiéreuses accrochées aux murs… Ce genre de vieux objets me fascinaient quand j’étais petit. J’avais l’impression qu’ils faisaient partie d’un autre monde et ils m’inspiraient un sentiment bizarre, le même que j’éprouve en respirant l’odeur de la soupe aux choux dans une cage d’escalier. Mon père avait, lui, horreur du bric-à-brac, il haïssait le principe même de brocante voire d’héritage. C’est probablement pour ça que ces ambiances m’étaient étrangères. Je compris vite que Nathalie vivait dans un isolement terrible. Hormis Norbert-Edouard et sa mère, elle ne devait voir quasiment personne. Ce qui expliquait sa volubilité, et sa façon de se jeter à la tête des gens. Quand on en fut au café, et que je sentis venir l’indigestion – Norbert nous avait gavés comme des oies – je compris une autre chose : Norbert avait décidé qu’on l’aide à réparer le toit d’une remise dans le jardin, qui avait perdu des tuiles. A ses yeux c’était moi ou mon père qui devions nous charger de cette corvée, pour le remercier du bon dîner qu’il nous avait offert. Mes parents le comprirent aussi et s’éclipsèrent en disant qu’ils allaient revenir demain. Naturellement, je les suivis – je les suivais partout à l’époque. J’emportais avec moi un peu de regrets. La conversation de mes parents dans la voiture avait de quoi m’en donner : d’après eux, Nathalie n’attendait qu’une chose : c’est qu’un jeune homme de son âge vienne la « délivrer » de Norbert, qui la tenait quasiment prisonnière. Mes parents étaient très irrités contre lui… Il faut dire qu’il n’avait cessé de titiller mon père à table, et qu’il se levait régulièrement en s’écriant : c’est une puce, quand il voyait quelque chose bouger sur la nappe, ou sur le tissu de son short. Je dois convenir que c’est une manie agaçante, de plus Nathalie vivait réellement comme une recluse.
L’après-midi quand nous sommes allés faire une excursion pour aller voir de vieux remparts, Nathalie avait pourtant expliqué à mon père que Norbert était presque un génie, et qu’il lui avait tout appris, cependant que Norbert plaisantait, lui, avec ma mère – qu’il se moquait d’elle, en réalité, l’appelant «  ma grosse » ou « Mamy. »
- Je me demande bien ce qu’il peut lui apporter, cet imbécile, disait mon père en tournant le volant de sa voiture qui s’éloignait rapidement de Trémoulliard, sur la Nationale D. Tu peux me dire ce qu’elle lui trouve ?
- Il la manipule, dit ma mère.
- Il était vraiment très désagréable, ce petit con. Un coup de chance qu’il ne nous ait pas fait du civet de lapin ! C’est immonde, ce qu’il ose raconter à table.
Je soupirais en pensant à Nathalie. Avant que mes parents ne parlent de tout ça, je n’avais pas remarqué qu’elle était belle. J’avais dix-neuf ans, elle vingt-six, et si un jeune homme devait la délivrer un jour de Norbert, ce ne serait pas moi. Elle était restée dans la maison au bord de la route avec le petit homme aux cheveux sales et avec sa mère, et moi j’étais reparti avec Papa-Maman. Voila le genre d’idioties qui agitaient ma cervelle adolescente, alors que la voiture de mon père s’élançait sur la nationale D. En vérité, je jouais avec l’idée « d’enlever » Nathalie, mais je n’étais pas le moins du monde amoureux d’elle, ni follement excité ; j’étais juste excédé par mon propre manque d’audace, je ne me conduisais même pas comme un adolescent, mais comme un petit garçon. La voiture de mon père, cette rassurante cage de métal à roulettes m’entourait comme une prison. Les murs de la maison de Trémoulliard étaient eux aussi une prison, pour Nathalie… Ce que je ne savais pas c’est qu’ils en étaient une également pour la mère de Norbert, et pour Norbert lui-même, bien qu’il jouât les geôliers. On est tous prisonniers de quelque chose ou de quelqu’un. On peut choisir d’aménager sa prison, de cantiner un peu, de pactiser avec son geôlier pour rendre la vie plus supportable, ou alors essayer de s’évader, si on a du courage. Mais pour ça il faut très bien connaître sa prison. La blonde Nathalie comme la plupart des gens était incapable de voir les murs invisibles autour d’elle, bien plus hauts pourtant, bien plus solides que le portail de fer de la maison de Norbert, toujours fermé à clefs.
- Ce crétin nous a enfermés, pestait mon père en regardant haineusement la nationale D. Il a fermé le portail de sa maison à clefs pendant que nous étions là ! Je l’ai vu faire avant qu’on passe à table. Quel con !
- Il prétend que des voyous du village essaient de s’introduire chez lui, s’il ne le fait pas… C’est une ceinture de chasteté qu’il devrait acheter pour Nathalie, ajouta ma mère.
- Je doute qu’on puisse trouver ce genre d’article dans le commerce, dis-je d’un ton morne.
- Chez le quincailler, peut-être.
Je regardais la route et la nuit tomber au-dessus des champs ; j’étais assis derrière, et ma vitre légèrement ouverte laissait passer un peu de vent qui me caressait le haut du front. Je tâchais de m’abandonner à ce bien-être en oubliant mes velléités infantiles et les échecs humiliants de ma volonté. Mais qu’aurais-je voulu faire au juste ? J’imaginais un jeune homme large d’épaules, vêtu d’une veste de motard en cuir noir, s’en aller avec Nathalie sur une moto, justement, et je voyais aussi Norbert impuissant, s’arrachant les cheveux… Ou crachotant, le visage blême, quelques paroles ironiques pour se consoler, et laisser entendre qu’il s’en fichait. Qu’il se suffisait à lui-même avec son « génie », sa compréhension du monde moderne, et sa vieille maison et sa vieille maman…
- Nathalie est entièrement coupée du monde, insistait mon père. Tu te rends compte qu’ils n’ont même pas Internet ? Il ne veut pas entendre parler d’acheter un ordinateur.
- Il n’en a pas les moyens, dit ma mère. 
- J’ai cru comprendre que ça ne l’intéresse vraiment pas, dis-je. Tu l’as entendu cet après-midi quand Papa lui parlait d’ordinateur : il a dit : je n’ai pas besoin de votre aquarium.
- De votre aquarium ! reprit mon père avec indignation. Il ne faut pas être la moitié d’un con pour faire des comparaisons pareilles. Un ordinateur te donne accès à toute la richesse du monde.
- Il te permet surtout de vivre par procuration, soupirai-je.
- Et comment est-ce qu’il vit, lui ? explosa mon père. Il ne vit même pas sa propre vie, en tout cas il ne la gagne pas ! Il vend de fausses peintures orientalistes, et il pique la retraite de sa mère ! Tu ne vas pas me dire que ce n’est pas le dernier des cons !
-  Oh non, je ne dirais pas cela. Je ne voudrais pas te contrarier pour si peu…
La nuit tombait toujours, elle n’en finissait pas de tomber sur les champs – sur les champs interminables, et je m’étonnais qu’il existe un si vaste pays de paysans à si peu de kilomètres de Paris.

Il y a quelques années, les hasards de la vie m’ont donné l’occasion de voir à nouveau Trémoulliard. Nous traversions, ma femme et moi, un village insignifiant dont j’avais aperçu le nom sans réagir sur le panneau, quand je me souvins brusquement que c’était bien ici, à Trémoulliard, qu’avaient habité ou habitaient encore Nathalie, Norbert-Edouard et sa mère. Je voulus faire signe à ma femme de ralentir, de s’arrêter ici, elle qui voulait justement déjeuner quelque part ; nous revenions de vacances. Trop tard ! Elle avait déjà dépassé le village, il s’éloignait derrière nous, hors de question de revenir en arrière. Je n’osais pas, en tout cas, en faire la demande à celle qui pilotait la voiture… En quel honneur, n’est-ce pas ? «  Ma chérie, j’ai fait le projet d’enlever une femme ici il y a quinze ans… » Bref. Nous revînmes chez nous et je n’y pensai plus, ou je fis en sorte de ne pas y penser… Mais le lendemain, occupé à rédiger je ne sais quel courrier ennuyeux destiné à un fonctionnaire de la sécurité sociale ou des impôts, je reçus un coup de fil de ma mère. Je suis resté fâché avec mes parents pendant quelques années ; nous avions renoué peu de temps auparavant, mais les relations avec ma mère restaient tendues. Néanmoins heureux de saisir le premier prétexte venu pour échapper à mon emmerdante besogne, je répondis immédiatement et, après quelques minutes, je ne pus m’en empêcher : je parlai à Maman de Trémoulliard, mentionnai ma traversée de ce village inoubliable, et lui demandai si par hasard il ne lui était jamais arrivé d’avoir des nouvelles de Nathalie et de Norbert-Edouard. J’étais certain qu’elle me dirait non - quand mes parents se fâchent avec quelqu’un, c’est généralement pour la vie – mais ma mère me répondit :
- Bien sûr. J’ai appris leur mort récemment. Tu n’as pas su ? Figure-toi qu’un routier a loupé le virage et est allé s’emplafonner dans la maison de Norbert, qui s’est écroulée sur eux. Leur maison était construite près d’un virage, juste au bord de la nationale… C’est grâce à ça que Norbert a pu l’avoir pour si peu, d’ailleurs. Norbert, Nathalie et la mère de Norbert ont été tués tous les trois. Penses-tu ! La maison s’est écroulée sur eux.

vendredi 27 juillet 2018

Chanter faux (dialogue avec un psy).



« Cela me désole, mais vous comprenez, je n’ai pas d’autre choix que d’être un usurpateur. N’ayant pas de nom, je pique celui des autres. J’ai longtemps prétendu m’appeler Martin – comme mon bienfaiteur, Igor Martin. Ou Auguste Ploum. Ou Hermann Hesse. Ou Maupassant. Ou Zorro. Ou Sigmund Freud. Ça me donne l’impression d’être un ectoplasme. 
- Vous souffrez d’un énorme problème d’identité, dit Kalinette. Vous ne savez pas qui vous êtes, et vous prétendez que c’est parce que vous ne connaissez pas votre nom. En vérité, vous n’avez pas un sens très affirmé de votre moi, c’est tout. Pour une raison que j’ignore, votre personnalité a été entravée dans son développement et, pour avoir le sentiment d’exister,  vous avez recours à des personnalités d’emprunt. Vous vous prenez pour Untel ou Untel. C’est d’ailleurs un phénomène assez fréquent : songez à ces sosies d’Elvis Presley, de Johnny Hallyday, de Michael Jackson qu’on voit un peu partout… Mais le vrai problème n’est pas là. Vous voyez toujours les choses du mauvais côté. Vous n’êtes pas un ectoplasme parce que vous imitez les autres. Au contraire : en les singeant, vous vous façonnez vous-même.
- Je vous demande pardon ?
- Mais oui. Ne l’avez-vous jamais remarqué ? Quelqu’un qui chante faux crée une nouvelle mélodie, sans même s’en rendre compte. Un dessin raté contient plus de créativité qu’une imitation fidèle de la nature : en loupant le portrait de votre petite amie, par exemple, vous donnez le jour à de nouvelles formes, de votre pinceau maladroit nait un visage qui n’existe nulle part ailleurs… Quand vous vous prenez pour quelqu’un, vous ne pouvez pas être lui, c’est impossible, par conséquent vous vous créez vous-même en tâchant de l’imiter. C’est très créatif. Une légende raconte que le Diable, jaloux de la créature parfaite créée par Dieu, a voulu donner la vie à un être semblable, une sorte d’imitation de l’homme : ce faisant, il a raté son coup et a créé le singe. N’est-ce pas très amusant ? Et que serait le monde sans les singes, les forêts d’Afrique et d’Amazonie ne sembleraient-elles pas un peu vides sans ces animaux qui sautent d’une branche à une autre ? »

Extrait de mon roman La Cave et l'imposteur


Peintures

Le Baiser L'offrande à Priape L'Orgasme Le Songe d'une nuit d'été Pan et jeune homme